La réconciliation
« Que puis je faire, rien ne va plus avec moi, j’en ai ras le bol de moi, je ne me reconnais plus
… » L’homme face à moi, me faisait part de sa perplexité à affronter,
comme il le soulignait lui-même le quotidien. Comme il est de coutume dans ma
discipline, je l’engageais à reformuler son objectif positivement : « que
voulez vous pour vous ? ».Comprendre ses réactions, être en accord
avec lui-même, une fois posé le cadre, nous pouvions commencer ensemble ce
voyage intérieur. Le monde
dans lequel nous évoluons a une fâcheuse tendance à faire à vouloir faire en
sorte que nous masquions nos difficultés à vivre pleinement au quotidien, tant
que cette difficulté ne s’impose pas d’elle-même par une apparition physique
aux yeux des autres. Nous ignorons volontairement souvent nos souffrances,
voire les méprisons. Quand ce n’est pas notre entourage qui nous rappelle à
l’ordre : "allez ce n’est rien !", "Réagis"
"toi, ça ne va jamais !"... C’est un peu comme lorsque l’on dit à
quelqu’un : sois spontané ! Cette invitation correspond à une double négation,
comment justement pouvons-nous nous forcer à être spontané. Ainsi la difficulté,
sous son habit peu attrayant, recèle des trésors : comment saurions-nous
que quelque chose ne tourne pas rond, que nous sommes à côté de nous même si la
souffrance ne venait tirer la sonnette d’alarme ? En ce sens, on peut même
dire qu’elle est, paradoxalement, plutôt un signe de bonne santé : elle
signale qu’il faut réagir à une situation donnée. L’une des premières
difficultés de l’aventure intérieure avec Jean fut de décoder le message. Pour réussir, cela a
consisté à ne pas se laisser envahir par toutes les émotions que mon client
projetait .Ces émotions qui étaient le fruit de sa projection négative de
lui-même. Parfois c’est trop difficile tout seul. Il ne faut pas hésiter alors
à demander conseil à un professionnel. Non seulement cela n’a rien de
déshonorant mais son aide peut nous permettre de passer un cap qu’on croyait
infranchissable. Il s’agit d’apprendre à accueillir notre situation, à lui
donner sa place, et à la respecter. On écoute alors son histoire, de son
origine à tous ses composants, sans rien juger, ni censurer... C’est le début de ce qu’on appelle s’occuper
de soi. C’est la réelle aventure à laquelle nous sommes conviés. Nous sommes
invités d’abord à constater, là où nous en sommes. Nous sommes appelés à
devenir fidèles à nous-mêmes, à nos besoins, nos aspirations, nos valeurs.
S’occuper de soi c’est apprendre à s’aimer, tel qu’on est, en perpétuelle
transformation (inhérente au fait que nous sommes vivants) et non pas tel qu’on
voudrait être ou tel qu’on croit que le monde voudrait qu’on soit. S’occuper de
soi, c’est apprendre à devenir soi, en équilibre dynamique entre liberté
intérieure et contrainte sociale. Devenons ce que nous sommes véritablement.