Le Blog du Coach

Pratiquez l'auto-louange !


AUTOLOUANGE

 

Il s'agit d'un texte dans lequel l'individu se considère comme un objet esthétique, digne d'intérêt et d'admiration au même titre que d'autres objets présents dans l'univers. Paradoxalement, on fait preuve, lorsqu'on se loue soi-même de cette manière de la plus grande modestie. Car il faut précisément pouvoir faire abstraction de sa propre personne, se regarder avec du recul, pour se livrer à un tel exercice. En effet, ne peut valablement faire de l'autolouange que la personne capable de rire de soi, de jouer sa vie. L'on comprend dès lors qu'il ne saurait s'agir de forfanterie.
En dehors du cadre poétique, l'autolouange verserait facilement dans la forfanterie ou le nombrilisme si l'énonciation ne se déroulait toujours, non pas n'importe quand et n'importe où, mais dans des circonstances particulières, au cours desquelles sont rituellement autorisés des comportements normalement proscrits.



Déploiement du Moi, révélation du Soi

Dès le deuxième jour de l'atelier d'autolouange, chaque participant récite l'autolouange qu'il a composée à domicile. A ce stade, on va plus loin dans l'autoprésentation que le simple récit de vie. On franchit le visage pour entrouvrir les chambres les plus secrètes, pour laisser voir ce qu'on n'a pas dit avec des mots, pour se donner à voir dans son intimité, bref, pour se laisser surprendre. L'on admettra que de se laisser ainsi explorer suppose une confiance dans l'autre et une liberté par rapport à soi-même qui créent une complicité et un sentiment d'unité puissant.
Le déploiement du moi, qui correspond à la révélation du Soi à soi-même et à l'autre, l'effort que la personne fournit pour se saisir elle-même, l'emplit d'émerveillement. C'est dire que l'autolouange est un moyen de connaissance et est-il besoin de démontrer que le moi est sans doute l'objet qui mérite le plus notre curiosité ? Et quel soulagement, quelle libération, lorsqu'on constate qu'il n'a pas de réelle substance !



Devenir maître pour l'autre et pour soi-même

En tant que rituel, l'autolouange transcende la distinction entre l'autre et soi, pour toucher l'Etre universel, dont chacun participe. L'on se reconnaît alors dans le savant comme dans le nomade du Sahara, dans le petit marchand importun ou le mendiant de Bénarès. L'on expérimente cette grande évidence que la vie est un grand continuum, un grand tissu interconnecté, une structure énergétique immense où tout, d'une manière ou d'une autre, est relié à tout. La pensée africaine n'enseigne pas autre chose à travers ses nombreux symboles et textes. Pendant le rituel de l'autoulouange, l'on s'ouvre à l'essentiel, sans jugement, sans crispation. L'autolouange ne s'accompagne donc nullement - comme pourrait le penser l'observateur extérieur, non impliqué - d'un discours sous-jascent de nature agressive ou narcissique. Elle permet, au contraire, de dépasser la comparaison pour vivre la complémentarité, de quitter le terrain de la compétition pour se situer sur celui de la coopération. S'il est une comparaison, c'est avec nul autre que soi-même. L'on s'efforce, en effet, d'être meilleur que la veille.



Créer un texte, c'est se créer soi-même

Il apparaît que l'autolouange est un texte ouvert, toujours inachevé, toujours en voie d'élaboration. Tout le travail matériel, extérieur, depuis la décision de composer une louange jusqu'au texte prêt à être énoncé en public, correspond à un travail de sculpture intérieure ; les retouches que l'on fait sur le papier correspondent à un polissage de l'esprit. C'est la raison pour laquelle l'auteur, au fur et à mesure qu'il perfectionne son texte, devient plus beau, ressemblant de plus en plus à son oeuvre. En d'autres termes, en retouchant son texte, il se façonne lui-même et, puisqu'il s'agit de poésie, il devient lui-même poème. Ainsi, créer un texte, c'est se créer soi-même. L'artiste est Celui-qui-se-crée-soi-même.



L'autolouange est action transformatrice

L'autolouange ne consiste pas seulement, pour l'individu, à se définir, se caractériser ou se singulariser. Elle est aussi action transformatrice, visant à produire une énergie qui propulse l'homme au-delà de lui-même. Elle permet ainsi de satisfaire ce besoin supérieur de « plus-être ». C'est la raison pour laquelle il n'y a aucun intérêt à l'encombrer de paroles négatives, qui polluent déjà suffisamment notre environnement. En ce sens, les vers et les devises de l'autolouange s'apparentent au mantra et à la prière. L'art atteint son but lorsque, d'une part, il dit la vie avec justesse, vérité et émotion, celle-ci étant souvent esthétique, c'est-à-dire apte à susciter le sentiment de bonheur et, d'autre part, lorsqu'il permet une transformation de l'homme.



Les fonctions remplies par l'autolouanges :

- Affirmation de soi en vue de retrouver sa juste place dans la société et la nature ;
- Esthétique, car l'autolouange est poésie et qui dit poésie, dit art. En tant que tel, l'autolouange procure du plaisir et du bonheur.
- Connaissance progressive de soi et de l'Autre, grâce au dialogue qu'elle instaure au niveau le plus profond de l'être.
- Transformation de la personne, prémisse d'une transformation de la société ; reliance à l'Autre et à soi-même, identification avec une Réalité supérieure, source et fin, qui triomphe de la mort.

 




19/07/2009