Le Blog du Coach

Hypnose et bégaiement

L'hypnose est la discipline de l'inconscient. Il parait évident qu'elle s'impose comme la discipline de prédilection quant à la remise en cause du bégaiement, processus automatique donc inconscient. C'est en cela d'ailleurs l'échec des prises en charge actuelle : on cherche à conscientiser ce qui ne doit pas l'être. Toute prise en charge exclusivement consciente du bégaiement participe à sa chronicisation.   
   

- Intention positive : c'est un des premiers éléments, fondateur. Pour reprendre la théorisation PNL :   

Tout comportement, à son origine, est orienté vers l'adaptation et contient une intention positive.
   

L'inconscient est bienveillant, nos actes constituent toujours un meilleur choix possible. Tout comportement possède une ressource. En clair, pour des raison x ou y, la personne qui bégaie n'avait pas de meilleur choix possible au moment où le bégaiement s'est mis en place. Si ça n'avait pas été le bégaiement, cela aurait été autre chose (de pire selon l'inconscient du sujet). L'erreur de traitement se situe plus loin : dans certains cas, même si d'autres solutions sont alors possible, le bégaiement s'installe comme LA réponse. Discuter et reconnaître cette intention positive est important. La situation est recadrée. La thérapie n'a plus qu'à proposer d'autres solutions, écologiques et durables si elles préservent l'intention positive. En d'autres termes, préserver le bénéfice (conscient ou inconscient) mais mettre en place d'autres stratégies pour le générer.   
   

- Recadrage : préserver l'intention positive et trouver d'autres solutions pour l'exprimer. Enfermé dans une réponse, un comportement comme le bégaiement, le sujet n'envisage pas d'autres solutions. Le problème se conscientise, les ressources sont limitées. L'inconscient, créatif, peut fournir de nouvelles options. C'est là le but des techniques de recadrage. Associé à l'hypnose, le recadrage est un outil de changement très puissant. On s'adresse à la partie de l'individu qui bégaie et on lui demande de fabriquer, de générer de nouvelles solutions, efficaces, simples et adaptées au bien-être. C'est là un vrai dialogue entre le thérapeute et la partie concernée. Cet échange constitue la démarche la plus simple, la plus directe et comme souvent dans ce cas, la plus efficace.   
   

- Phobie : comme dans tout phénomène désagréable, perturbant ou traumatisant,  le bégaiement a une dimension anxieuse : on a peur que cela recommence. Dans le travail de la peur ou de la phobie de bégayer, l'interprétation pourrait être celle-ci : le but est de classer le «dossier bégaiement». Le sujet a vécu un traumatisme (le premier bégaiement par exemple ou d'autres situations qui viennent s'ajouter au fil du temps), dont l'importance ne lui a pas permis de développer les ressources pour lâcher-prise, mettre à distance l'événement. Pour illustrer cela, une personne qui a eu un accident de voiture, si elle a la capacité de mettre « entre parenthèse » le dit accident, n'a pas peur d'un nouvel accident en remontant dans une voiture. L'accident est arrivé, mais il est comme lointain. Il n'est plus pregnant. On en est dissocié (et non associé).   

Sous hypnose, on va donc opérer cet « archivage ». Il faut pour cela que la période traumatique soit revécue INCONSCIEMENT du début à la fin (il ne s'agit pas d'effacer cette période mais de la mettre à distance, comme un mauvais souvenir, mais sans pont direct vers le présent). La plupart des personnes ayant vécu un événement ou une période traumatisante ont beaucoup de mal en la racontant à aller jusqu'à la fin. L'affaire n'est pas classée, ils sont encore « dedans ». Dans le cadre du bégaiement, ce ne sont pas des crises successives, mais le même enfer (avec des variantes) qui recommence, encore et encore. Les techniques hypnotiques actuelles, comme la double dissociation, permettent un lâcher-prise souvent immédiat et sans douleur (il ne s'agit pas de revivre la période consciemment). Les professionnels qui font revivre des événements traumatiques consciemment, sorte de catharsis masochiste sont, ou des imbéciles ou des incompétents (ou les deux).  L'hypnose, si il y a une charge émotionnelle, doit être par contre sans douleur.   
   

- Régression : la régression est une technique hypnotique avancée, à pratiquer avec un thérapeute de qualité.   

La régression est un outil pouvant se révéler pertinent, dans le cadre d'un bégaiement très traumatique, ou de phénomènes s'apparentant au stress post traumatique  

Retrouver le passé et le revivre ne sert à rien en soi.   

Par contre, il peut être utile de reconsidérer un événement du passé (la plupart du temps pendant l'enfance ou juste avant !?!). Pour établir une distance, on crée une dissociation : le sujet n'est pas dans l'événement, mais l'observe (il voit, entend mais ressent peu). Dans cette position, l'adulte d'ici et maintenant peut voir le passé sous un nouvel éclairage, comprendre, recadrer sa perception, ce qui n'est pas possible à l'enfant, raisonnant et appréhendant la réalité comme son age lui permet. La régression n'est pas un outil du passé, mais un outil puissant et efficace de restructuration du présent et de l'avenir.
   

Régression ou pas ?   

On peut confier la réponse à O. Lockert (Hypnose / IFHE Editions)   

« - En cas de « bleu à l'âme » due aux choses du passé) : soignez le présent. Pansez les blessures. Pas de régression.
- En cas « d'épine à l'âme » (due aux choses du passé) : soignez le passé. Retirez l'épine et désinfectez grâce à la régression hypnotique »
   

A suivre ... 

Jérôme Boutillier
Thérapeute et coach
Enseignant à l'Institut Normand de Coaching et de Thérapies Brèves
 



17/07/2009